
Art et médecine
Art et Médecine
Art et médecine entretiennent depuis toujours des liens étroits. Que des artistes aient représenté le corps, malade ou sain. Ou encore que médecins ou chercheurs, eux-mêmes, aient cherché à témoigner de leurs recherches par le dessin, la sculpture ou la photographie. Lesquels produits initialement dans un but scientifique, ont révélé au final de véritables dons artistiques chez les auteurs. Aujourd’hui, avec l’imagerie, il n’est parfois plus possible de dissocier art et médecine, sans oublier les réalisations étonnantes des patients souffrant de pathologies psychiatriques (art brut). Dans ce diaporama, toute l’équipe (blogueurs, auteurs, journalistes) partage avec vous sa sélection d’oeuvres se situant aux confins de l’art et de la médecine.
Art et médecine
Jenner: Smallpox is Stemmed, Robert A. Thom
« A l’heure où un certain scepticisme entoure encore trop souvent la vaccination dans notre pays, j’ai choisi de tableau de 14 mai 1796 où un médecin de campagne Edouard Jenner va réaliser une inoculation de la « vaccine » issue de vaches (virus apparenté de la variole) à un jeune garçon afin de le protéger contre la variole. C’est la découverte de la vaccination qui se répand très vite en Europe et en Amérique, contribuant au recul des épidémies. À ce jour, les grandes campagnes de vaccination contre la variole ont pratiquement éliminé ce virus de la surface de la terre. »
Dr Benjamin Davido, Vice-Président de la COMAI, Service de Maladies Infectieuses et Tropicales du Pr C. Perronne, CHU Raymond Poincaré. Garches.
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La Madonna del parto, Piero della Francesca
« La Madonna del Parto est une œuvre de Piero della Francesca datant de 1455. Cette fresque de taille honorable (260 X 203 cm) est offerte aux yeux du public à Monterchi aux confins de la Toscane et de l'Ombrie (Italie). Je l’ai découverte dans une école transformée en musée pour cet unique tableau, après qu’un ami architecte me l’a conseillée.
On y découvre une Vierge enceinte, debout, face à nous, dans une attitude impassible, froide, la main gauche posée sur la hanche, la droite soutenant son ventre proéminent qui pointe au travers de l'échancrure de la robe.
Je crois que c’est l'une des rares représentations de la vierge Marie enceinte. Certes la grossesse n’est pas une maladie, mais la médecine se doit de gérer tous les “états modifiés du corps”. Et au premier titre, la grossesse.
Marie y est représentée entourée de deux anges symétriques qui écartent délicatement les rideaux du baldaquin, brodés de thèmes évoquant la Passion du Christ. »
Pr Gilles Pialoux, Chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon et vice-président de la Société française de lutte contre le Sida-SFLS.
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Heptagram, Denis Ducreux
Neuroradiologue à l’hôpital Bicêtre (94), le Pr Denis Ducreux réalise des œuvres d’art à partir d’IRM, les siennes ou celles de ses proches.
En utilisant la tractographie, une technique permettant de mettre en couleurs les fibres présentes dans le cerveau, il magnifie le système limbique, siège de l’“inconscient”, des comportements, la mémoire et des émotions. Ainsi métamorphosées par un logiciel qu’il a mis au point, les images ne nous apprennent rien sur le fonctionnement du cerveau mais invitent à l’imaginaire et au mystère. Ici, l’agencement des couleurs et formes, agrémenté de symboles empruntant à différents mythes, cultes et religions nous ouvre les portes d’un monde ésotérique.
Les productions de BrainArt du Pr Denis Ducreux ne sont pour l’instant visibles que sur son site.
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La Joconde ou Mona Lisa, Léonard de Vinci
« C’est le sourire de la Joconde qui me vient en premier à l’esprit. Lui qui a reçu de multiples interprétations toutes plus fantaisistes les unes que les autres allant jusqu’à suggérer que Mona Lisa n’existait pas ou qu’il s’agissait d’un autoportrait de Léonard de Vinci… jusqu’à ce qu’un conservateur, Bruno Mottin, donne enfin l’explication définitive : la belle dame de Florence est enveloppée d’une pièce de tissu transparent qui était presque invisible jusqu’à ce que l’oeuvre soit nettoyée.
Sa recherche a pu montrer qu’il s’agissait d’une pièce de vêtement portée par les femmes venant juste d’accoucher (le tableau date du XVIème siècle). L'expression soi-disant ambigüe de la Joconde est simplement un sourire heureux mais fatigué d’une parturiente récente.
Cela inspire une réflexion au psychiatre que je suis : on devrait plutôt aller chercher les interprétations dans le quotidien plutôt que d’imaginer des théories plus ou moins tirées par les cheveux. »
Dr Patrick Lemoine (psychiatre, auteur, ancien praticien hospitalier et directeur d'enseignement clinique à l'université Claude Bernard de Lyon).Art et médecine
Collage, Lindsay Caldicott
Etranges, déroutants et piquants, ainsi sont les agencements organiques de Lindsay Caldicott. Née à Leicester en 1956, la jeune femme se forme au métier de technicienne en radiographie thérapeutique et va exercer son métier dans des hôpitaux hollandais jusqu’en 1990. Abusée dans l’enfance et souffrant de graves troubles psychiatriques, elle passe ensuite l’essentiel des 24 ans suivants en hôpital psychiatrique, jusqu’à son suicide en 2014. A travers ses oeuvres, elle a probablement tenté, de façon très mécanique, de recoller les morceaux de sa personnalité fragmentée.
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« Le Massage. Scène de Hammam », Edouard Debat-Ponsan
« A peine franchi le seuil du musée Marmottan où se tient actuellement l’exposition « L’Orient des peintres. Du rêve à la lumière », ce magistral tableau datant de 1883 et opportunément intitulé « Le Massage » s’impose à nous.
Dans le décor pâle d’un hammam, mosaïques bleu-pastel, lavabo albâtre, coupelle cuivrée. Un corps blanc, lascif, dévêtu, allongé, sur une table de marbre blanc, nous tourne le dos. Face à nous, une femme noire, debout, à moitié vêtue : la Masseuse, active, qui s’attaque à l’épaule et au dos de la belle allongée avec une fougue évidente qui tiendrait plus de la chiropractie (actuelle) que du massage !
Le peintre, dont c’est le tableau le plus connu précise le commentaire « ...a cherché dans cette composition, ce contraste corps noir/blanc, sur la mosaïque bleue d’inspiration ottomane. Une Olympia inversée et orientalisée, dans un dialogue avec Manet qui n’est pas impensable au vu de la célébrité scandaleuse du tableau exposé en 1865. »
Dr Jean-Pierre Usdin (cardiologue, Paris).
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Fille contracture du pied, Jean-Martin Charcot
S’il est un médecin qui, par ses croquis, révèle parfaitement le lien entre la science et l’art, c’est bien le Professeur Jean-Martin Charcot (1825-1893). En 2014, une sélection de dessins, manuscrits, l’épure des croquis originaux tracés dans et hors les murs de la Salpêtrière, en voyage, ont fait l’objet d’une belle exposition dans la chapelle de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, où il exerça comme psychiatre pendant de nombreuses années, défrichant le champs alors aride de la psychopathologie.
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La colonne brisée, Frida Kahlo
Qui d’autre que Frida Kahlo a le mieux témoigné, dans son art, de ses souffrances physiques et psychologiques? Atteinte dans l’enfance d’une poliomyélite qui la laissera boiteuse, elle est, à l’âge de 18 ans, victime d’un accident d’autobus au court duquel son abdomen et sa cavité pelvienne sont transpercés. Il en suivra de nombreuses opérations chirurgicales, un syndrome d’Asherman, des douleurs chroniques toute au long de sa vie et une profonde dépression. À l’hôpital, elle se peint alitée soumise à une alimentation forcée (« Sans espoir », 1945), le corps transpercé de clous avec une « colonne [vertébrale] brisée » (1944) montré ici, ou nue et vulnérable surplombée par un fœtus après une fausse couche (« À l’hôpital Henry Ford », 1932).
Son « Autoportrait [en fauteuil roulant] avec le Docteur Farill » (1951), témoigne également de sa reconnaissance envers son médecin.
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La Charité des Saints Côme et Damien, Ambrosius Francken I
Le triptyque pour la Guilde des barbiers et chirurgiens, a été réalisé en 1590 par le peintre flamand Ambrosius Francken I (1544-1618). l' un des panneaux du triptyque intitulé La Charité des Saints Côme et Damien représente la greffe d'une jambe. Contrairement à des représentations antérieures du sujet qui accentuent le rôle du divin, le peintre montre, ici, la technique de l'amputation et la douleur du patient.
« J'ai découvert la reproduction de ce tableau dans le cabinet d'un confrère chirurgien plastique et ce qui m'a interpellé, outre l'expression des personnages typique de l'école d'Anvers, c'est que l'idée de la greffe existait déjà au XVIème siècle».
Dr Dominique Savary (médecin urgentiste au centre hospitalier Annecy Genevois, directeur du SAMU 74 et chef du pôle urgences-réanimation).
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Ceci n’est pas une ordonnance, Pablo Savón
Cette création qui relève du street-art est apparue récemment sur le mur de la Place Alfred Fournier de l’hôpital Saint-Louis. Ce clin d’oeil aux références à la fois médicale et artistique de l’artiste-céramiste urbain Pablo Savón résulte d’un partenariat entre l’AP-HP et la mairie du 10e.
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Schizophrenogenesis, Damien Hirst
A sa façon, l’artiste anglais Damien Hirst est un parfait représentant des liens entre art et médecine. Obsédé par la mort - il a travaillé à la morgue pendant ses études - l’artiste contemporain se fait connaître par ses installations qui traitent de la vie, de la religion, de la beauté et de la science. Quand il ne plonge pas des animaux décédés dans le formol (ce qui lui vaudra le Turner Prize en 1995), il se consacre à la mise en scène de médicaments sous toutes les formes imaginables. Depuis une série intitulée « Peintures pharmaceutiques », où chaque tableau porte le nom d’un médicament. jusqu’à ses “installations/sculptures” faites de boîtes, de flacons et de pilules aussi colorées que des bonbons, en passant par des armoires à pharmacies transformées en cabinet de curiosité médicale, Damien Hirst ne cesse d’explorer les «liens quasi-spirituels entre science et industrie pharmaceutique».
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Cou, Félix Méheux
Félix Méheux est un parfait représentant de ce qu’on pourrait appeler la photographie médicale. Dessinateur et photographe de formation, il exerce son art dans son atelier de photographie à Paris, mais parallèlement, pendant 20 ans, de 1884 à 1904, les médecins de l’hôpital Saint-Louis ont fait appel à lui pour photographier les patients atteints de pathologies dermatologiques. A sa technique photographique, il associe parfois l’aquarelle, ce qui permet de rendre les détails le plus fins (comme ici). De par sa formation classique, il donne à ses images un éclairage, un cadrage et une précision, où l’on retrouve la patte d’un professionnel apposée à des maladies déformantes, honteuses et mutilantes. On le surnomme alors “l’artiste dermatographe”. Ce traitement trop esthétique des clichés lui sera d’ailleurs reproché par certains médecins.
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Paper Art, Katrin Rodegast
En utilisant des cartes routières travaillées à la manière d’un origami géant, l’artiste berlinoise Katrin Rodegast crée des sculptures anatomiques originales et colorées où artères et voies de circulation prennent tout leur sens nouveau. Le lien entre art et médecine prend tout son sens quand on sait que ces créations anatomiques ont été réalisées dans le but de présenter «Zurich Heart», un projet phare regroupant près de 20 groupes de recherche et visant à développer un cœur artificiel entièrement implantable.
Découvrez plus d’illustrations en papier sur son site www.katrinrodegast.com
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