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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Comment le burnout et la dépression affectent-ils la vie et la pratique des médecins français? Quels sont les principaux facteurs conduisant à leur épuisement professionnel et par quels moyens tentent-ils d’y remédier? Voici les résultats de notre nouveau sondage 2018, auquel ont répondu près de 1000 praticiens.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Près de la moitié des médecins français interrogés déclarent éprouver des symptômes de burnout (28%), de dépression (6%) ou les deux (14%). Pour une vaste majorité d’entre eux, le burnout contribue de façon directe à leur état dépressif.

Dans notre questionnaire, le burnout était défini comme « un sentiment d'épuisement physique, émotionnel ou mental, de frustration et de cynisme par rapport à son travail, et le fait d’avoir des doutes sur ses compétences et la valeur de son métier ».

Lors de notre précédent sondage en 2016, environ 30% des répondants estimaient déjà être en épuisement professionnel. Les praticiens n’échappent donc pas à l’explosion de troubles psychiques liés au travail observés en France, en particulier chez les étudiants en médecine. « Comment a-t-on pu laisser la situation se dégrader autant? » s’interrogent des participants dans leurs commentaires. Même lorsqu’ils ne sont pas directement affectés par des symptômes d’épuisement professionnel, plusieurs médecins constatent que le phénomène s’aggrave : « Le burnout est omniprésent autour de moi aux urgences! »

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Lorsqu’ils sont interrogés sur leurs symptômes dépressifs, la majorité des médecins les qualifient de simple « déprime », relevant plutôt « de la tristesse » ou « du coup de blues » que d’une affection clinique. Néanmoins, un quart d’entre eux décrivent un tableau sévère avec une dépression qui se prolonge et qui n’a pas pour origine un évènement précis, tel qu’un deuil ou une douleur.

Une gastro-entérologue liste de façon méthodique et lucide ses symptômes de dépression et de burnout : « Troubles du sommeil, difficultés de concentration, troubles somatiques avec successions de pathologies, impression de ne jamais faire assez bien, insatisfaction, sensation d’être un robot, coupure de la vie sociale et des loisirs ».

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Le travail constitue le principal facteur de dépression pour plus des deux tiers des médecins concernés, notamment pour ceux âgés de plus de 45 ans, les spécialistes* et les médecins exerçant à l’hôpital.

La santé, la situation familiale/sentimentale ou les finances contribuent de façon beaucoup plus modeste. Pour presque deux tiers des femmes et un tiers des hommes, les problèmes d’argent n’ont d’ailleurs aucun lien avec leur dépression.

*Dans ce diaporama, « spécialistes » renvoie à « médecins de toute spécialité sauf la médecine générale », pour permettre de comparer spécifiquement ce groupe aux médecins généralistes

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

La dépression peut avoir des conséquences négatives sur l’interaction entre les médecins et leurs patients. Les praticiens sont plus facilement exaspérés et plus d’un tiers d’entre eux se sentent moins impliqués, aimables ou attentifs envers les malades. De façon plus inquiétante, 8% admettent que leurs symptômes impactent leur pratique au point de commettre des erreurs qui pourraient potentiellement nuire aux patients. Un quart des médecins dépressifs considèrent toutefois que leur dépression n’a pas d’influence sur leur consultation.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Chez les médecins souffrant de dépression, l’exaspération et la frustration se font également ressentir dans les rapports avec les confrères et le reste du personnel, en particulier dans le cadre hospitalier. Les conséquences sont variées, allant de simples retards à, plus rarement, des erreurs professionnelles.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Plus de la moitié des médecins déclarent être en burnout depuis plus d’un an. Un quart d’entre eux estiment que la sévérité de leurs symptômes est telle qu'ils envisagent de quitter la médecine.

Dans leurs témoignages, les médecins souffrant d’épuisement professionnel décrivent une fatigue chronique et un sentiment de démotivation qui les amènent à renoncer à leurs activités extra-professionnelles, comme le sport, les loisirs et leurs relations amicales. Pour beaucoup, leur burnout a également un impact négatif sur leur couple et leur situation familiale. Certains vont jusqu’à décrire un contexte déshumanisant, un urgentiste expliquant comment il a « dû changer à la fois de discipline médicale, d’hôpital et de mode de vie, pour survivre ».

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Le burnout a une incidence notable sur le comportement social — plus de la moitié des médecins déclarent s’isoler — et alimentaire — un quart admettent manger de façon compulsive ou compenser par de la malbouffe (1/5), en particulier les plus jeunes.

En réaction à leur épuisement professionnel, d’autres consomment des médicaments (1 médecins sur 6), de l’alcool ou des cigarettes. Ces types de consommation n’étaient pourtant pas, dans ce sondage, significativement plus importants chez les médecins en burnout.

Des alternatives plus positives sont également utilisées face aux symptômes de burnout : partager leurs préoccupations avec leurs proches (38%), faire de l’exercice (36%) ou jouer/écouter de la musique (18%).

Les médecins qui pratiquent une activité physique au moins 2 fois par semaine, qui sont mariés ou qui n’ont pas de personne à charge sont significativement moins nombreux à se déclarer en burnout. La majorité (58%) de ceux qui ont des convictions religieuses et/ou spirituelles, estiment que leurs croyances les aident à faire face à ces difficultés professionnelles.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

La lourdeur des tâches administratives et des horaires de travail excessifs sont les facteurs d’épuisement professionnels les plus cités, en particulier par les médecins libéraux. Pour les hospitaliers, le manque de respect de la part des collègues contribue de façon significative à leur burnout.

Dans leurs commentaires, des urgentistes décrivent un sentiment « de résignation, de perte d'espoir… avec un soignant qui devient l'esclave de l'informatique ». Un cardiologue déclare être « excédé d’être jugé sur la façon de remplir les dossiers informatiques et non sur l’efficience de son travail ». Une généraliste parle de « violence institutionnelle »…

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Si un peu moins d’un tiers des médecins en burnout a pu réduire ses horaires ou alléger sa charge de travail, un autre tiers pense tout bonnement à abandonner la médecine, en particulier les plus jeunes (39% des moins de 45 ans vs 23% des 45 ans et plus). Presque la moitié envisage d’ailleurs de changer de pratique.

Près de deux médecins sur cinq souhaitent trouver un autre emploi dans le domaine médical, un objectif cité plus souvent par les jeunes praticiens (52% vs 30% pour les plus âgés) et ceux exerçant à l’hôpital (44% vs 22% pour les libéraux).

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Comment limiter l’impact du burnout? Les répondants listent en premiers une augmentation des effectifs et une meilleure gestion des horaires de travail. Les médecins exerçant dans une structure hospitalière aspirent quant à eux à plus de respect de la part de leurs employeurs, confrères ou employés, alors que les libéraux souhaiteraient plutôt bénéficier d’une augmentation de revenus.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Dans leurs commentaires, les médecins en burnout insistent sur la difficulté à gérer les horaires de travail.

Près des trois quarts des participants à notre sondage, qu’ils soient en burnout ou non, ont d’ailleurs indiqué exercer plus de 40 heures par semaine, les hommes (79%) un peu plus souvent que les femmes (68%), et les spécialistes (77%) un peu plus que les généralistes (65%). Un médecin sur six va jusqu’à dépasser 60 heures hebdomadaires (22% sont des hommes, 9% des femmes).

Sans surprise, les médecins qui ont déclaré souffrir à la fois de dépression et de burnout sont plus susceptibles de travailler 61 heures ou plus par semaine (25%) comparativement aux autres praticiens (16%). Dans les commentaires, plusieurs médecins indiquent avoir déjà réagi, tel ce dermatologue : « Avoir réduit le nombre de jours de travail m’a changé la vie. »

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Environ la moitié des médecins souffrant de burnout et/ou de dépression n’ont pas l’intention de faire appel à un professionnel spécialisé en santé mentale, comme par exemple un psychologue. Deux médecins sur cinq estiment que leurs symptômes ne sont pas suffisamment graves ou invoquent le manque de temps. Un peu moins d’un tiers pensent pouvoir gérer la situation eux-mêmes. Déni? Plutôt le sentiment que le problème est ailleurs, tel cette urgentiste : « Je ne vois pas l'intérêt de traiter de façon symptomatique les professionnels de santé travaillant dans un système défaillant. La solution est un traitement étiologique: améliorer le contexte professionnel!»

La peur d’être stigmatisé est également un facteur influençant la décision de ne pas contacter un professionnel : 13% des praticiens concernés admettant craindre que « cela se sache ».

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Les médecins qui recherchent actuellement de l’aide ou qui envisagent de le faire, préfèrent s’adresser à un psychiatre ou un psychologue, plutôt qu’à un médecin du travail.

Les femmes seraient plus disposées que les hommes (10% vs 2%) à participer à un programme de prise en charge spécialisée. Cette option semble d’autant plus compliquée à mettre en œuvre que la grande majorité des répondants à ce sondage déclarent ne pas avoir accès à un programme visant à réduire le stress et/ou l'épuisement professionnel sur leur lieu de travail. Un effort de communication reste à faire, puisque que 13% des médecins ignorent si un tel programme existe (parmi eux, 19% exerçant à l’hôpital). Près du quart des médecins qui n’ont pas accès à ce type de programme seraient pourtant susceptibles d’y participer. Lorsque le programme existe, sept sur dix affirment cependant ne pas l'avoir utilisé.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Si un nombre important de médecins français interrogés dans ce sondage sont en burnout ou en dépression en raison de leurs conditions de travail, la majorité des répondants se disent plutôt heureux, voire très heureux, dans leur vie personnelle.

Et près d'un médecin sur cinq s’estime également très satisfait de sa vie professionnelle: dans cette catégorie, on retrouve plus de médecins généralistes (23%) que de spécialistes (16%), et plus de libéraux (22%) que de praticiens hospitaliers (14%). Ces derniers sont en revanche plus à risque d’être malheureux ou très malheureux.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Les médecins expliquent pourquoi, malgré les problèmes habituels rencontrés sur leur lieu de travail, ils sont heureux professionnellement:

Les relations avec les collègues — Pour cette psychiatre, « la qualité des relations avec d'autres professionnels et l’investissement de ces collègues donnent le sentiment d'être dans le même bateau ». Une urgentiste reconnaît avoir la « chance de travailler au sein d'une équipe… où l'on peut compter sur chacun », et une autre décrit « une équipe soudée et un chef très à l’écoute » ou encore « un chef de service prêt à prêter main forte en cas de surcharge de travail. » Un pédiatre suggère d’ailleurs que « les compétences de management devraient être formalisées et obligatoires pour tous les chefs de service », tant leur rôle est important. Également, l’organisation de « réunions cliniques et scientifiques hebdomadaires permettent de ne pas rester seul dans sa pratique et de la faire évoluer constamment ».

La gestion du temps de travail Pour cette cardiologue, c’est à la fois « l’excellente organisation du temps de travail, de la répartition équitable des tâches, de la bonne circulation de la parole et l’absence de hiérarchie arbitraire pesante… » qui lui permettent de pratiquer sereinement. Un autre: « L’activité libérale me permet le choix de mes horaires de travail… et de mes repos. »

Loin de l’administration — Un psychiatre « heureux » explique « se tenir soigneusement à l’écart des administrateurs », tout comme ce cardiologue qui évite « d’accumuler des montagnes d'obstacles administratifs et juridiques » et pense que « si l’on pouvait alléger l’“administralisation” outrancière de l’hôpital et rétablir le bon sens et l'efficacité, nos médecins iraient beaucoup mieux. » Un généraliste confirme être « sorti de la convention pour réduire au maximum l’interface avec l’administration… »

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

968 médecins exerçant en France ont répondu à ce sondage en ligne entre le 25 avril et le 19 juin 2018.

Plus de la moitié de l’échantillon est composé d’hommes (56%) et comprend majoritairement des médecins âgés de 45 ans ou plus. On retrouve néanmoins plus de femmes que d’hommes (45% vs 23% respectivement) dans le groupe des praticiens de moins de 45 ans.

Les 2 tiers des répondants travaillent en milieu urbain, et environ un quart pratiquent en Ile-de-France.

Certains chiffres dans les graphiques ont été arrondis, le total peut donc parfois ne pas être égal à 100%. Marge d’erreur : 3,15%, IC de 95%, estimation ponctuelle 50%

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

La moitié des médecins interrogés exercent à l’hôpital, principalement dans le secteur public (53% vs 37% dans le privé, et 10% dans les deux secteurs). Ils sont, pour la plupart, salariés.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

Parmi les répondants, on retrouve principalement des médecins généralistes (22%), suivis d’urgentistes (12%), de psychiatres (10%), de cardiologues (7%) et d’anesthésistes (7%). Les autres spécialistes représentent pour chacun entre 4% à 1% de l’échantillon.

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Sondage : le burnout des médecins français

Véronique Duqueroy | 19 décembre 2018 | Auteurs

État civil — La grande majorité des participants vit en couple: 61% sont mariés (67% des hommes et 54% des femmes), et 19% vivent en concubinage avec, pour plus de la moitié d’entre eux (54%), un partenaire qui travaille également dans le domaine de la santé (30% sont aussi médecins). 7% sont divorcés. 58% n’ont pas d’enfant vivant à la maison, mais près de la moitié (47%) sont des aidants naturels pour un membre de leur famille.

Activité physique — Alors qu’un tiers des médecins font de l’exercice au moins une fois par semaine, un sur cinq reconnaît ne pratiquer aucune activité physique ; deux sur cinq aimeraient perdre du poids…

Tabagisme 17% des médecins fument du tabac, plus rarement vapotent (6%) ou encore moins consomment du cannabis (1%).

Alcool — Plus de la moitié consomment au moins quatre boissons alcoolisées par semaine. 5% dépassent la limite recommandée en France, soit 10 verres par semaine. 16% ne boivent pas du tout d’alcool. Les femmes consomment un peu moins que les hommes.

Religion — 32% déclarent avoir des croyances religieuses, 17% spirituelles, 44% pas de croyances.

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Dossier : Burnout des médecins

Physiquement et moralement épuisés, beaucoup de médecins sont aujourd’hui menacés de burnout. Il y a urgence.
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