
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Près de 1000 médecins français ont répondu à notre nouvelle enquête sur leur activité professionnelle : sont-ils satisfaits de leur pratique au quotidien, de leur choix de carrière? Quels sont les aspects gratifiants ou au contraire décevants de leur métier?
Les résultats ont été comparés à ceux de leurs homologues allemands, américains, britanniques et espagnols.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Les 937 médecins français ayant participé à notre sondage* sont majoritairement des hommes (68%), âgés de plus de 50 ans (59%) et salariés (57%). Ils exercent pour la plupart à temps plein (85%), et près de 60% d'entre eux exercent dans une structure hospitalière. Dans cette catégorie, on retrouve surtout les spécialistes, les femmes et les praticiens de moins de 45 ans.
Un médecin sur cinq exerce en Île-de-France et près de 85% des répondants ont fait leurs études de médecine en France.
*Sondage en ligne réalisé entre le 14 octobre et le 30 novembre 2017. Comparaison avec des échantillons de médecins exerçant aux États-Unis (n=16 474), en Allemagne (n=549), en Grande-Bretagne (n=648) et en Espagne (n=526). Marge d’erreur = +/- 3,2% (IC 90%). Graphiques réalisés à partir des données des médecins travaillant à temps plein.
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Dans notre échantillon, un répondant sur cinq est médecin généraliste. Les autres spécialités les plus représentées sont l'anesthésiologie (9%), la cardiologie (8%), la médecine d'urgence (7%) et la psychiatrie (7%).
Dans ce diaporama, « spécialistes » renvoie à « médecins de toute spécialité sauf médecine générale », pour comparer spécifiquement ce groupe aux médecins généralistes.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Comme observé dans notre sondage l'an dernier, la très grande majorité des participants sont heureux d'être devenus médecins.
Ils évoquent la "vocation" et souvent "la passion" pour décrire leur profession. Pourtant, un peu moins de la moitié recommanderait ce choix de carrière à leurs enfants. Ils décrivent un métier ingrat qui demande "beaucoup de sacrifices" (trop d'années d'études, une surcharge de travail de plus en plus importante) "pour peu de reconnaissance", notamment de la part des patients. Les cardiologues sont plus susceptibles (64%) de conseiller à leurs enfants de devenir médecin.
On note une tendance similaire au Royaume-Uni où 83% des répondants sont heureux d'être devenus médecins mais où 59% ne le recommanderait pas à leurs enfants. Les allemands sont en revanche beaucoup plus satisfaits de leur choix de carrière (89%) et majoritairement disposés à le conseiller (61%).
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Si c'était à refaire, 30% des médecins français ne choisiraient pas la médecine comme carrière. Moins de la moitié opterait pour la même spécialité et seulement un sur six choisirait le même lieu d'exercice.
On observe des disparités importantes selon les spécialités : les trois quarts des urgentistes ne s'orienteraient pas de nouveau vers la médecine d'urgence, alors que grande majorité des cardiologues (83%) re-choisiraient leur spécialité.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Pour les médecins français, le sentiment d'être professionnellement compétent, comme par exemple établir le bon diagnostic, représente l'aspect le plus gratifiant de leur métier.
Dans ce questionnaire à choix multiple, la reconnaissance des patients arrive en deuxième position. Elle est notamment citée plus souvent par les femmes que par les hommes (33% vs 23%). Parmi les spécialistes, ce sont les urgentistes qui attachent le moins d'importance à cet aspect relationnel avec le patient (13%, vs 26% pour les autres spécialistes).
En troisième ordre d'importance, on retrouve les avantages financiers, en particulier pour les médecins libéraux (20%, vs 13% pour les hospitaliers). Un médecin sur 20 ne trouve aucun aspect gratifiant dans son travail. Quant à la satisfaction liée à la fierté d'être médecin, elle arrive en fin de classement.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Les réponses des médecins français sur les aspects les plus gratifiants de leur métier sont comparables à celles de leurs homologues étrangers, à quelques nuances près. Les médecins allemands se démarquent en choisissant le sentiment de compétence comme principale source de satisfaction (54%) et ont un intérêt moindre pour l'aspect financier. Pour les praticiens américains, c'est la reconnaissance des patients qui représente le critère le plus important (33%). Les médecins espagnols sont quant à eux presque deux fois plus nombreux à exprimer l'importance de se sentir utile à la société. Les britanniques sont un peu plus nombreux que leurs confrères étrangers à se sentir fiers d'être médecins (11%).
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Les lourdeurs administratives et réglementaires constituent les aspects les plus frustrants de la pratique, en particuliers pour les hommes (42%, vs 32% pour les femmes) et les plus âgés (43%, vs 9% pour les moins de 45 ans). L'augmentation de la charge de travail sans avantage financier est également une source d'insatisfaction importante pour un quart des médecins français. Viennent ensuite les défis liés aux relations difficiles avec les patients (cités par 1 répondant sur 6) et la crainte de poursuites légales. Dans une moindre mesure, les difficultés liées aux remboursements impactent également la satisfaction professionnelle, notamment chez les généralistes (7%, vs 3% des spécialistes) et les libéraux (9%, vs 1% des hospitaliers).
Dans leurs compléments de réponses, les médecins mentionnent également "des conditions de travail qui se détériorent au fil des années", le manque de reconnaissance et une "dévalorisation de la fonction par les administrateurs et les paramédicaux", certains allant jusqu'à qualifier leur situation de "maltraitance institutionnelle".
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Les médecins allemands partagent la frustration des médecins français vis-à-vis de la bureaucratie et de la réglementation : 44% d'entre eux citent cet aspect de leur profession comme première source de difficulté. Pour les médecins espagnols, les longues heures de travail pour un revenu moindre et les patients difficiles sont des défis plus importants que pour leurs collègues étrangers. Les praticiens américains ont quant à eux plus de difficultés à obtenir le remboursement de leurs prestations.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Les trois quarts des médecins français ne se sentent pas rémunérés équitablement, en particuliers les plus jeunes (83% vs 72% pour les +45 ans). 72% de ces répondants insatisfaits estiment que leurs revenus annuels* devraient être entre 11% et 50% plus élevés que ceux qu'ils perçoivent actuellement. Pour 16% des hommes (vs 6% des femmes), cette augmentation devrait même atteindre 76% ou plus.
Tout comme les français, les praticiens espagnols sont plus nombreux à estimer que leur salaire est insuffisant par rapport à leurs confrères en Allemagne ou au Royaume-Uni. Aux États-Unis, les médecins semblent plus satisfaits de leur rémunération. Ceci peut s'expliquer par les différences de revenus selon les pays, tel que rapporté dans notre Sondage 2018 sur les revenus des médecins où on observait un écart de plus de 155 000 € entre médecins français et américains, et de plus de 30 000 € comparé aux allemands et britanniques.
*Revenus liés à la pratique (exclut les activités non-associées aux soins délivrés aux patients comme les expertises, la promotion de produits, les allocutions etc.)
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Parmi les médecins travaillant à l'hôpital, seulement une minorité (environ 1/6) envisage de travailler en libéral ou dans le secteur privé. Les moins de 45 ans sont cependant deux fois plus nombreux que leurs confrères plus âgés à considérer cette option.
À l'étranger, les médecins britanniques sont également presque deux fois plus nombreux que les médecins français à vouloir exercer dans le privé.
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Près d'un médecin sur cinq envisage de quitter la France pour exercer dans un autre pays. Les 45 ans et plus sont les moins tentés par l'expérience, la moitié d'entre eux ayant répondu négativement. Chez les spécialistes, ce sont les cardiologues qui sont les moins susceptibles de vouloir s'expatrier (8% vs 18% pour les autres spécialistes). À l'étranger, les britanniques sont plus nombreux (34%) à envisager de travailler dans un autre pays, une option qui semble peu intéresser les allemands (6%).
Selon une enquête de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONPDS), le nombre exact de médecins français exerçant à l'étranger n'est pas connu, mais on estime que 30% d'entre eux ont choisi la Belgique comme nouveau lieu de pratique. Les autres ont opté pour les États-Unis (25% des expatriés médicaux français), le Canada, l'Israël ou l’Italie (14% chacun).
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Pour la très grande majorité des répondants (5/6), les aides actuelles à l'installation dans les déserts médicaux ne sont pas efficaces. En 2016, l'UFC-Que Choisir avait d'ailleurs dénoncé des mesures inutiles et coûteuses.
Si 1 médecin sur 5 estime que le montant des aides est insuffisant, la plupart (3/5) considère les mesures comme "non pertinentes", le problème n'étant pas d'ordre financier. Un rapport avait d'ailleurs indiqué que les revenus des médecins exerçant dans ces zones de désertification sont plus élevés que ceux de leurs confrères en régions plus peuplées.
Consultation valorisée, aide au logement de la part des communes, stages des internes... plusieurs idées ont été récemment proposées par les Syndicats de médecins.
Dans leurs commentaires, beaucoup de répondants admettent être "sans avis" pour résoudre le problème de désertification médicale et suggèrent même que les aides financières pourraient constituer une "discrimination" vis-à-vis des médecins déjà installés dans ces zones isolées.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Environ un quart des médecins envisagerait de changer de mode d'exercice pour travailler dans une maison de santé si les conditions proposées étaient satisfaisantes. Les généralistes sont les plus intéressés par ce type d'opportunité. Parmi les autres spécialistes, 37% des urgentistes se déclarent également prêt à faire ce changement.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Environ la moitié des médecins consacrent entre 30 et 50 heures* par semaine à leurs patients. Les résultats diffèrent peu selon l'âge ou le type d'exercice. Les hommes sont cependant plus susceptibles de travailler 65 heures ou plus par semaine que les femmes.
*ne comprend pas les heures allouées aux tâches administratives ou de gestion etc.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Plus de la moitié des médecins passent en moyenne 17 minutes ou plus avec chaque patient, et un tiers d'entre eux dépassent 20 minutes. Les spécialistes dispensent des consultations* plus longues que les généralistes, deux sur cinq indiquent des durées allant au-delà de 25 minutes. Les femmes rapportent également des temps de consultation significativement plus longs que ceux des hommes.
*n'inclut pas le temps que le patient passe avec l'infirmière ou l'auxiliaire médical.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
Environ un tiers des médecins consacre entre 5 et 9 heures chaque semaine à des activités non directement liées à la rencontre avec des patients, comme les tâches administratives ou de gestion, la participation à des organisations professionnelles, revue de la littérature, recherche, enseignement, etc.
La moitié des répondants hospitaliers déclarent 10 heures ou plus allouées à ces activités non cliniques. Les libéraux sont ceux qui y passent le moins de temps.
Satisfaction professionnelle des médecins français : nouvelle enquête Medscape
C'est principalement grâce au réseautage entre collègues que les médecins sont informés des postes disponibles, en particulier chez les spécialistes. Les ressources disponibles durant leur internat ont surtout favorisé les médecins plus jeunes, les hospitaliers et les spécialistes, notamment les urgentistes. Les généralistes ont quant à eux plus souvent recours aux annonces que les autres spécialistes.
Dans leurs compléments de réponses, les médecins citent également les contacts non professionnels comme la famille ou les amis, le bouche-à-oreille et la création d'un cabinet libéral.
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